Bits & Scraps

Saturday, November 24, 2007

Coup de main à Mme Pécresse ou comment sauver l'Université française !

Je crois que j'ai trouvé la solution pour rénover l'Université française, sauver Mme Pécresse du trou noir où elle plonge malgré ses interventions quotidiennes dans les émissions de télévision people, donner raison aux revendications des bloqueurs, pas souvent des étudiants, mais des activistes qui visiblement n'ont pas lu le texte de la loi et n'en ont cure, et suggérer des idées au parti socialiste dont le silence sur le sujet est assourdissant.

Il suffit d'adjoindre aux professeurs de tous poils qui y oeuvrent, des instits de maternelle et des fonctionnaires de l'ANPE.

En effet, l'Université française, aujourd'hui, est avant tout une grande garderie pour vieux ados ou jeunes adultes, qui n'en rapporteront jamais aucune peau d'âne. Donc, confions aux spécialistes, les professeurs des écoles spécialisés en écoles maternelles, le soin de gérer cette mission importante.

Par ailleurs, l'Université a aussi pour mission de soustraire ces étudiants sans avenir des statistiques du chômage. Les gens de l'ANPE se verront donc confier le rôle de les prendre aussi en charge.

A mi-temps, par exemple, avec les instits.

Les profs de Fac, maîtres de conf, chargés de cours et autres ATR pourront alors s'occuper des étudiants qui savent ce qu'ils veulent et qui sortiront diplômés.

On pourra êre amené à faire rapidement un tri entre les deux espèces d'étudiants, mais il ne s'agira en aucun cas d'une sélection.

On pourra aussi concentrer les moyens de l'Université sur les étudiants à haut potentiel (pardon !) et même les renforcer, puisque leurs collègues émargeront à d'autres budgets.

La loi reste la loi et les revendications des étudiants de ne rien changer, surtout !, sont satisfaites.

CQFD! ???

Saturday, November 17, 2007

Faut-il interdire aux étudiants la lecture de Harry Potter ou au contraire distribuer gratuitement l'oeuvre de JK. Rowling aux cheminots en grève ?

Donc, en ce moment-même, les étudiants votent le blocage des universités, parce qu'ils craignent la privatisation de ces grandes institutions et leur contrôle complet par le secteur privé. Une jeune interviewée sur France Info a ainsi déclaré que les départements de Lettres Modernes aillaient disparaître, car aucune entreprise ne voudraient les financer.

La question pourrait être digne d'intérêt si elle se posait vraiment. La réponse, d'ailleurs, pourrait couvrir tout le spectre des opinions, depuis : "au secours, les patrons vont contrôler les grands centres de savoir et de formation des jeunes élites françaises", jusqu'à "la privatisation des universités va leur permettre enfin de concourir à armes égales avec les grandes universités du monde".

Mais la loi Pécresse ne parle pas de cela.

C'est probablement bien dommage. Elle aurait d'ailleurs pu avantageusement aborder de front la question de savoir comment donner aux Universités françaises des moyens qui les mettent sur un pied d'égalité avec les grandes universités internationales. Et aussi celle de dire comment éviter que les étudiants ne s'engouffrent dans l'enseignement supérieur en cohortes serrées et n'en ressortent pour la plupart sans diplômes, mais cassés et écoeurés par des années d'échec.

On est donc dans un monde virtuel ou magique où les protagonistes s'interrogent sur des questions qui ne sont pas d'actualité, même si c'est dommage qu'elles ne le soient pas.

Les étudiants ne sont pas seuls à répondre à une question par une crainte ou par une interrogation de nature différente : l'affaire du référendum sur la constitution européenne avait déjà mis cette tendance en avant au niveau du citoyen et des questions de politique générale ; les effets NIMBY en sont une autre manifestation : je sais bien que l'énergie va venir à manquer, assez vite probablement, mais je ne veux pas d'un terminal méthanier sur la Gironde.

On est en pleine pensée irrationnelle, dans le monde des craintes, des angoisses, des analyses de ce qui est caché derrière le rideau, de la reformulation des questions soulevées dans les débats politiques ou sociétaux et, en fin de compte, de la création d'une gigantesque cacophonie.

Que les médiats relaient d'ailleurs assez bien en donnant la parole aux uns et aux autres, dans une pratique du micro-trottoir, qui n'avait pas beaucoup de sens sans des portes parole exprimaient des points de vue structurés, mais qui reprennent de l'intérêt méthodologique quand la logique et la continuité des échanges se brouillent et tournent au collage.

Par contre, les média ne l'analysent pas encore comme une rupture de la logique à laquelle on avait eu tord de croire ou de s'habituer...

Place aux rumeurs, aux légendes urbaines, au relativisme.... C'est X-Files ou LOST qui quittent le monde virtuel pour entrer dans la vie réelle, la main dans la main avec le café du commerce, la pensée sauvage et l'éclatement du rationnel.

De même que certains avaient expliqué, mi-sérieusement, mi-canular, que la science n'était qu'un discours comme les autres, daté et marqué par les a priori et l'ethnocentrisme culturel d'une époque, on assiste dorénavant à une expression des citoyens qui ne disent plus que leurs émotions dans leur comportement social, syndical et politique. Les émoticons remplaceraient les mots et le tissu serré des raisonnements qu'ils devraient aider à construire !

C'est l'irruption du monde magique de Harry Potter dans la vie de la France du début du 21ème siècle.

En vertu de quoi, je propose qu'on interdise aux étudiants de cesser de lire les aventures du gamin sorcier.

Mais je doute aussitôt de l'efficacité de cette mesure !

Par exemple parce que, à la Fac de Metz, les gens qui mènent la danse ne sont pas des étudiants, bien que la presse les appellent comme cela. Un peu comme si elle déclarait que les gens qu'on rencontre dans les galeries de peintures sont tous des peintres ou dans les hôpitaux tous des médecins ! Il faudrait un peu de journalisme d'investigation pour identifier qui sont ces gens, car là aussi, les rumeurs vont bon train : des trotskistes ou autres crypto-communistes, des anarchistes, ou des provocateurs de droite, des SDF, des casseurs, des terroristes, la cinquième colonne, des extra-terrestres, etc., etc...

D'où les réactions musclées des présidents d'unifs qui exigent du préfet l'envoi de CRS pour déloger la trentaine de d'agitateurs qui agissent et font voter les blocages d'université à main levée par des amphis remplis de beaucoup d'étudiants et de beaucoup de non-étudiants. Et ceux qui se lamentent de la casse des locaux, sans parler du temps perdu par ceux qui ne peuvent plus travailler.


Comment réinviter la raison dans ces débats ? Recréer un dialogue fécond, où la réalité ait droit de cité et où les souhaits et les craintes puissent aussi s'exprimer ?

Finalement, peut-être qu'Harry Potter pourrait nous aider avec sa baguette magique à inventer un gouvernement qui crée les conditions d'un dialogue, pas d'une concertation au sens constitutionnel et coincé de ce terme, des partis politiques qui jouent aussi leur rôle de donner la parole aux gens, avec des mots et pas avec des réactions viscérales et craintives, et des acteurs-citoyens qui provoquent et exigent ce basculement vers la clarté, la réflexion et le résolution de leurs vrais problèmes !


Il y a aussi nos amis cheminots, qui ont arrêté leurs trains loin des gares de voyageurs depuis 4 jours.

Les questions qu'ils posent sont presqu'aussi décalées que celles des étudiants, mais d'une façon différente.

Ils veulent conserver ce qu'ils ont, parce qu'on a passé un contrat avec eux qui le leur garantisse, et parce qu'ils pensent y avoir droit.

Très étonnants d'ailleurs ces trentenaires de la SNCF qui réclament une retraite à 55 ans parce que la pénibilité de leur travail, qui est sans aucun doute réelle, en fera dans 20 ans une absolue et évidente nécessité !

Ils vont en fait vivre 90 ou 100 ans, aux côtés de gens qui auront travaillé au moins aussi dur qu'eux ! Et ils auront eu une vie qui n'a plus rien à voir avec celle des gens à qui on a proposé, il y a bien longtemps, des retraites à de jeunes âges - et qui décédaient souvent avant 60 ans !

Mais ces cheminots ont aussi acquis des droits en les payant par des cotisations, qu'on ne peut simplement gommer sans en parler, sans négocier, sans trouver des aménagements dont la gamme des possibles doit être légion !

D'autant que tous ces gens, lecteurs ou non de Harry Potter, ont raison d'être inquiets.

Essentiellement parce que ceux qui savent, ou qui devraient savoir, ne leur parlent pas de ce que sera véritablement leur véritable.

Dans 30 ans, il est probable que le transport ferroviaire sera plus fort et plus ubiquiste qu'il ne l'a jamais été dans l'histoire. Ceci devrait aider au financement des retraites des cheminots !

L'Université sera aussi toujours là et forte et elle aura par nécessité fait son aggiornamento, volens nolens, et résolu les questions que la loi Pécresse traite encore très mal !

Entre temps, d'autres dangers se seront concrétisés. Le changement climatique sera là, avec le risque de 200 millions d'éco-réfugiés dans le monde, les frictions internationales que cela aura créé - la guerre peut-être et les gouvernements autoritaires, probablement assez peu respectueux de la démocratie, que les peuples auront laissé prendre le pouvoir pour répondre à leurs craintes.

A moins que le monde ne prenne ce danger, bien réel et ni rêvé ni magique, à bras le corps pour le contenir et le maîtriser, s'il en est encore temps ?

Ce serait une bonne chose si les gens de la vie publique, c'est-à-dire ceux qui contrôlent la parole, les politiques et les journalistes, faisaient émerger ces questions essentielles dans le débat publique pour que les citoyens aient accès au réel, le réel futur qui les attend vraiment.

Et pas seulement au réel politiquement correct et aseptisé, autour duquel s'articulent les débats actuels, ceux qui sont rationnels comme ceux qui ne le sont pas.

Si on fait tant appel à l'irrationnel des craintes et que le débat rationnel a perdu de son actualité, c'est peut-être que tous les acteurs publics d'aujourd'hui parlent d'un monde qui n'existe plus vraiment...


Dernières questions.

Quel est le magicien qui a fait disparaître le parti socialiste du paysage politique français ? Quelqu'un l'a-t-il entendu s'exprimer de façon forte et cohérente, depuis quelques semaines ?

Et quelle est la sorcière qui a réduit au silence le président Sarkozy ? En laissant errer ses ministres comme des volatiles affolés dans une basse cour ?