Bits & Scraps

Saturday, June 30, 2007

Suremballage, hyper-emballage (essai)

Ma virée hebdomadaire et matinale à l'hypermarché m'a apporté ma dose d'agacement - hebdomadaire elle aussi…

Non seulement Auchan complète un cycle de mobilité de ses rayons, qui n'ont pas seulement cette fois glissé de quelques mètres, par translation, mais sont carrément passés de l'autre côté de l'allée, par symétrie plan, mais je ne retrouve plus mon café "commerce équitable", l'un des rares produits ainsi labellisé qu'on trouve dans cet hypermagasin. L'essentiel du rayon est constitué de sachets de dosettes individuelles de café moulu, qui comportent donc deux ou trois niveaux d'emballage, pour des quantités très faibles de produit. Flagrant délit de suremballage, d'overpackaging, qui fait désordre dans un lieu de consommation qui s'est glorifié d'avoir mis en place les directives gouvernementales sur les sacs de caisse en plastique et a affiché sa volonté de préserver l'environnement à grand renfort d'affichage publicitaire.

Comme si le concept de vente de l'hypermarché pouvait survivre sans rupture de paradigme ni remise en cause délicate sans ces sacro-saints emballages qui permettent le défilé de noria de clients dans les rayons et l'externalisation de la préparation des doses individuelles chez les fournisseurs, parfois situés au bout du monde ?

Un peu plus subtil, le mélange dans le petit rayon de café en vrac, mais néanmoins moulu, de café banal, simplement identifié par son origine, extrêmement exotique et appelant au rêve de voyages, avec des Max Havelar, mais aussi des paquets certifiés conformes au développement durable par une association indépendante !!! Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Quelle entreprise moderne peut ne pas se déclarer ou se faire déclarer conforme au développement durable ? Pourquoi présenter cela sur le même plan, grâce à des emballages quasiment identiques, développement durable et commerce équitable ? Le sauvetage planète et la justice sociale sont deux "combats" ou deux idéaux qui sont séparés, même si les mêmes citoyens –consommateurs peuvent avoir envie de l'un et de l'autre ! C'est encore du suremballage ! C'est Auchan - et Jacques Vabre, dans ce cas particulier, qui emballent leur café dans une déclaration de civisme environnemental qu'on ne leur demande pas et qui est destinée à tromper.

Avançons encore un peu plus loin.

La semaine passée a été dédiée, dans la presse, à la célébration de notre hyperprésident tout neuf. Les journalistes s'émeuvent de son dynamisme, de son niveau d'activité jamais vu, tous depuis les beaufs de RTL jusqu'aux intellos caviar du Monde. Qui a déjà vu à l'oeuvre un ministre, un grand patron, un préfet ou plus simplement un artisan qui travaille pour lui, ne voit rien de particulier dans l'activité de Sarko, sinon une agitation médiatique et une mise en scène, qu'on pourrait éventuellement qualifiée d'habile, mais je ne suis pas sûr que cela le soit vraiment ni longtemps. Ce comportement des médias devrait faire que chacun s'interroge sur les raisons qui poussent ces journalistes à jouer entre les mains de la propagande de l'Elysée… Alors qu'ils n'ont pas rapporté les émeutes de banlieues, nombreuses pendant la période électorale. Elles sont passées inaperçues dans la presse nationale, alors que, par exemple, les trains en gare de l'Est ont été tous arrêtés un soir pendant plusieurs heures, pour cause de graves incidents en cours à Meaux, par exemple !

Suremballage encore des activités du Président, voulu par son entourage et fourni gracieusement par la presse, unanime, de gauche comme de droite, écrite ou télévisée. Le discours était d'ailleurs tellement cohérent en France, que les journaux étrangers, du New York Times à El Pais, s'en sont aussi fait écho.

L'hyperprésident, un mot aussi qui en dit trop, fleure aussi le suremballage. Il mélange à la fois le concept d'hypermarché et les idées mises en avant par Attali dans sa "brève histoire de l'avenir", où il nous explique que demain sera hyper-empire, hyper-conflit et peut-être, si on a de la chance, hyper-démocratie.

L'ami Attali, cet homme brillant qui dort 4 heures par nuit, et cumule des activités de grand patron, de bloggeur à succès, d'écrivain éclectique – ou touche-à -tout ?, d'homme politique, et de people de plateau de télé, fait aussi dans le suremballage, intellectuel cette fois ou étiquetable comme tel ! Il nous balance ses connaissances encyclopédiques, universelles, remplies à ras bord d'hyper-sagesse (pardon, tu quoque !) sur tout et même sur l'avenir, avec un dynamisme à la Sarko. C'est intéressant à lire, souvent assez provocateur, cela suscite la réflexion. Parfait. Mais cela rappelle aussi la culture genre FNAC, où les livres s'étalent sur des kilomètres de linéaires, ou encore les sexes en gros plan des films pornographiques alignés à l'infini. Indigestion, saturation, trop c'est trop. Brillant certes les propos d'Attali, mais sont-ils profonds ? Subtils ? N'est-ce pas simplement du suremballage, là encore ?

Comme sont du suremballage d'ego ces milliers de blogs que personne ne lit, mais que Google met néanmoins en ligne.

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