Bits & Scraps

Sunday, June 03, 2007

Double peine, ou mieux.... (essai)

Il est clair que j'en ai pris pour 5 ans. Et que la réduction de peine, en cas de bonne conduite, peut se traduire par 5 ans... de plus, une fois, deux fois, qui dit mieux ?

Le monde à l'envers !

Que faire pendant ce temps ?

De l'humour amer, en comptant le nombre de fois où je vais me faire laminer (expression polie), donc le nombre de fois où la double peine va s'appliquer à moi – double peine au carré, au cube, à la puissance transfinie ? En écrivant des blogs que personne ne lit ? En disant des choses utiles, ou futiles, fines ou grossières, qui de toute façon ne servent à rien ? Histoire d'affiner l'analyse politique en attendant le grand soir et de ne pas mourir d'ennui et de dépit d'ici là ?

Il sera difficile d'y échapper. Même les malades incurables vont voir un médecin et éprouvent un peu de soulagement à se voir expliquer la maladie qui les ronge. Le blog comme soin paliatif ou comme divan du psychanalyste...

On peut aussi continuer à vivre en abandonnant toute pensée politique, de même que les prisonniers renoncent à leur vie sexuelle, que les bachoteurs renoncent à sortir en boite de nuit, que les personnes (très) âgées renoncent à faire l'amour.

Mais ne peut-on pas aussi tourner casaque ? Retourner sa veste ? Jouer Ganelon ou Iago ? Ou voir le côté positif des choses, sans jouer Ganelon ou Iago ?

Essayons... pour voir. Un chercheur – ou un apprenti philosophe, doit croire aux vertus de l'expérimentation, dans tous les domaines.

La simplification du paysage politique est en vue : pas seulement celle des acteurs, mais aussi celle des problèmes. En tout cas, les messages sont clairs, simples : le Président a tout en main et il agit très vite pour tenir ses promesses. Les questions que je croyais complexes étaient simplement mal posées. Les solutions sont aussi simples que les questions le deviennent quand il me propose ses solutions en kit.

C'est vraiment brillant comme approche ! Interdire la complexité, imposer la simplicité et la mettre en oeuvre vite et fort. Fort, fort surtout. Comme le dessin de GW (le Monde du 2/05) qui déclare qu'il est contre tout engagement de réduction quantitative des émissions de GES, mais qu'il opposera son veto à tout réchauffement global... Ils sont donc au moins deux à voir clair, les Etats Unis et la France, marchant enfin la main dans la main.

La simplification du paysage ethnique de la France est acquise : avec 25.000 reconduites à la frontière annoncées pour 2007 (cela fera 43.000 en 2008 à la proportionnelle, plus une croissance raisonnable de 5% par an, on devrait arriver à 100.000 par an dans moins de vingt ans !), on verra plus de « vrais » français dans les rues, dans les files de chômeurs de l'ANPE, à la porte des écoles gratuites de la République.

La sécurité va se renforcer dans les rues, grâce à la réforme pénale, qui va remplir les prisons – on va s'approcher ainsi des conditions carcérales de la Turquie, si célèbres !, et obliger à en construire de nouvelles. Je préconise les prisons en acier, conçues pour grandir et s'étendre en fonction des besoins.

Les jeunes vont pouvoir s'acheter des appartements, des maisons – toujours en acier, bien sûr !, grâce au contrat de travail unique que les banquiers vont accepter comme caution, bien sûr, et surtout grâce à la déduction des intérêts des prêts - sur cinquante ans. Il n'est pas complètement clair quelle en sera la formule exacte, mais on dit que ceux qui ont bien voté pourront déduire leurs intérêts de façon rétroactive. Vivement qu'il y ait des caméras dans les isoloirs, pour qu'on puisse facilement faire la preuve qu'on a bien voté UMP !

La réduction des droits de succession - ou peut-être même leur annulation complète, arrive. Comme je n'ai pas renoncé à être riche, et que je ne suis pas pauvre non plus, je vais en bénéficier. Le pouvoir ne me représente pas, il fait des choix que je désapprouve, mais je ne peux que les subir et les accepter sans rechigner. Dur, mais que faire d'autre ? L'impôt sur la fortune aussi, bien que je ne le paie pas, mais secrètement, j'aimerais faire partie de cette élite ! Hélas, on n'a pas encore trouvé le moyen de faire de fausses déclarations pour le payer....

Etc... Je peux profiter des réformes pour nantis qu'il va mettre en oeuvre et en profiter à mon corps défendant.

On peut aussi imaginer que le Président va réussir aussi dans des domaines non partisans, là où la réforme est nécessaire. Par exemple en imposant les corridors humanitaires au Darfour, en faisant libérer Ingrid Bétancourt et quelques milliers de FARC en particulier, en débloquant l'Europe si maladroitement bloquée par le gouvernement de Chirac où Sarko était le deuxième homme fort, etc.

Très tentant...

En attendant l'opposition pourra en profiter pour se réformer.

D'ailleurs, en ne votant pas pour les socialistes, la semaine prochaine, je pourrais les encourager à se bouger en leur bottant les fesses... Expliquer par ce geste citoyen à Hollande que la gentillesse habillée de langue de bois ne sert à rien. A Strauss-Kahn, Fabius et Aubry, qu'on les a assez vus parce que l'on ne les a pas entendu dire des choses claires, ni même simples. A Royal qu'elle a bien essayé, mais que l'important c'est de réussir.

Et puis il y a l'irrationnel, le rêve, la littérature onirique, dans laquelle je pourrais retrouver du réconfort. Le monde se peuplant d'éléphants roses ou bleus, la magie prenant le pouvoir, les semblables de Harry faisant leur coming out et prenant enfin les choses en main...

Par exemple, le clonage humain devenu possible et éthique, puisqu'on pourrait l'utiliser pour cloner le Président. Lequel pourrait ainsi se nommer lui-même premier ministre, puis ministre dans chacun des ministères du gouvernement, devenir président à vie et même président pour toujours. Il pourrait aussi faire don d'un des siens au PS – adieu François !, et réaliser ainsi la grande coalition dont rêvait Bayrou, donner aussi d'ailleurs un clone au MoDem. En fin de compte, on pourrait tous adopter un petit sarko et, dans 20 ou 30 ans, le pays ne serait plus la France mais le pays de tous les Sarko... En attendant un monde de Sarkos, version en creux du rêve de biodiversité, prêt à affronter l'univers et les autres qui se cachent au détour d'une étoile !

Grandiose, j'en frissonne.

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